La crise est violente, hein !


On revoit cet extrait de l’émission « A vous de juger » avec à la fois avec tristesse et une certaine forme de nausée... Nous étions en 2007, Sarkozy était en campagne électorale pour l’élection présidentielle. Demain on allait raser gratis, terrasser le chômage, et qui plus est se soumettre bien volontiers à la sanction des Français si on échouait. C’est la démocratie madame Chabot… Cinq ans après, le Président de la République convoquait aujourd’hui un sommet social avec les partenaires sociaux. Sommet de crise bien entendu, Sarkozy est le champion des sommets de crise. Pour déboucher sur quoi ?... Sur un plan (encore un plan) de 430 millions d’Euros pour l’emploi. Par redéploiement, c’est-à-dire sans débloquer un centime de plus du budget de l’Etat (il ne faut pas creuser le déficit madame Chabot, hein, même si je suis directement responsable d’un trou de plusieurs dizaines de milliards). Et puis on va embaucher 1000 personnes à Pôle emploi (mais en CDD, hein, madame Chabot, car forcément dans quelques mois ça ira beaucoup mieux). Cela fera sûrement plaisir au personnel qui, pour certains doivent gérer plusieurs centaines de dossiers de demandeurs d’emploi (bon c’est vrai madame Chabot, Christine Lagarde en son temps annonçait que chaque référent ne suivrait au maximum que trente dossiers… Mais elle n’est plus là Madame Lagarde). Le Medef se dit satisfait d’un sommet « très riche » (lapsus ?) , les autres syndicats se disent mitigés. La routine quoi… Ah j’allais oublier : le Président trouve que la crise est violente…

TRAVAIL DU DIMANCHE : INEFFICACE, DANGEREUX ET NEFASTE.


En pleine crise économique et sociale, la droite poursuit la déréglementation du droit social. Après l’annonce dans les Ardennes de l’extension des contrats précaires, après le vote en catimini d’un amendement ouvrant la voie à la retraite à 70 ans, le Président de la République s’attaque aujourd’hui au travail dominical, qu’il veut étendre. C’est ainsi qu’à sa demande, une proposition de loi a été inscrite à l’ordre du jour en juillet dernier. Retirée puis réinscrite à plusieurs reprises du fait des atermoiements de l’UMP, le Président de la République veut aujourd’hui passer en force. Certes devant l’opposition des organisations syndicales, la mobilisation et de la Gauche et de ses élus, l’hostilité du petit commerce et de l’artisanat le gouvernement a réduit le nombre de dimanche travaillés. Mais ne nous y trompons pas : il s’agit d’un simple repli tactique. L’objectif du Président de la République reste le même.

 Une réforme inefficace économiquement
– Personne ne croit à une quelconque relance de la consommation en généralisant le travail dominical. C’est le pouvoir d’achat qui génère la croissance, et celui-ci est d’abord commandé par les salaires. Une étude de l’OFCE sur le cas allemand montre que l’ouverture des magasins le dimanche n’a modifié ni les comportements de consommation, ni les comportements d’épargne. Au contraire, la généralisation du travail dominical détruirait de l’emploi, en pénalisant les petits commerces qui emploient à chiffre d’affaires égal, trois fois plus de salariés que dans les grandes surfaces : seules les grandes enseignes auraient en réalité les moyens financiers et humains de faire travailler ainsi leurs salariés, ce qui créerait une situation de concurrence déloyale très défavorable aux petits commerçants et aux artisans. De l’avis d’une majorité d’experts et des organisations syndicales et patronales représentant les PME et les petites entreprises, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui seraient ainsi menacés dans le petit commerce.
L’ouverture des commerces le dimanche, c’est donc paradoxalement la certitude d’une augmentation des prix. Les surcoûts des charges fixes et les éventuelles majorations de salaires seraient évalués à 4 ou 5% pour tous les consommateurs, y compris ceux achetant en semaine. Ouvrir un dimanche coûte trois fois plus cher qu’ouvrir un jour de semaine à cause des charges salariales, des frais de communication, ou des charges de fournisseurs augmentées par les prestations dominicales.
Une réforme dangereuse pour les salariés
Le discours sur le volontariat des salariés est inacceptable. Dans le secteur, le taux de syndicalisation est de l’ordre de 2% et montre l’impossibilité de la vérification du volontariat. Particulièrement en période de crise économique, la subordination du salarié à son employeur est évidente et les éventuels chantages à l’emploi réduisent à néant toute liberté de choix des salariés, notamment au moment de l’embauche.
Elle l’est encore plus dans ce secteur du commerce qui cumule emplois précaires, saisonniers, à temps partiel, peu qualifiés et très féminisés. L’idée trop largement répandue d’un salaire doublé le dimanche est fausse et les majorations de salaire sont parfois inexistantes, variables selon les cas, atteignent rarement 100 % et vont au-delà exceptionnellement. Le projet de loi ne prévoit aucune généralisation de la majoration.

Si la loi instaurant le repos dominical remonte à 1906, elle trouve ses fondements dans un droit conçu d’abord pour les plus modestes et a traversé le temps simplement parce qu’elle est juste. La vie s’est organisée pour que les associations, le sport, la culture, la famille, entre autres trouvent leur espace-temps le plus souvent le dimanche. Ce jour n’est pas comme les autres et ne saurait le devenir.
Le travail le dimanche, au service de quelques intérêts particuliers, pénalisera d’abord les femmes, souvent les plus concernées. Il tuera le petit commerce au profit des grandes surfaces. Il pénalisera le lien social, déjà fragile particulièrement dans les grandes agglomérations visées. Il consacre un modèle de société centré sur le « Dieu consommation », et l’épanouissement individuel ne se résume pas à la satisfaction du besoin de consommer.

Mener la bataille d’opinion
Toutes les organisations de salariés sont contre. Les syndicats de salariés (CGC, UNSA, CFDT, CGT, CFTC, FO…) sont contre toute déréglementation du travail dominical et pointent du doigt les répercussions néfastes que cela pourrait avoir sur l’économie et la société française. Dans la même veine, les associations familiales (UNAF) mais également les institutions religieuses ont souligné leur opposition à une extension du travail le dimanche.
La plupart des organisations patronales sont contre. La grande distribution, pourtant « gagnante » avec un tel projet, est elle-même, loin d’être enthousiaste sur le sujet : « Nous n’avons pas besoin d’ouvrir le dimanche, il n’y a pas de demande », constatait le Directeur d’une grande marque de distribution française. L’Union Professionnelle Artisanale (UPA), la Fédération Nationale de l’Habillement (FNH), la confédération de l’alimentation en détail (CGAD) ou encore la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) : toutes analysent l’ouverture des commerces le dimanche comme destructrice d’emplois.
S’agissant du grand public, une bataille d’opinion, à grand renfort de sondages, est clairement engagée. La gauche doit y prendre toute sa part, c’est notre meilleure arme pour faire reculer le gouvernement. Car si les Français sont favorables en tant que consommateurs –comment en serait-il autrement-, ils sont majoritairement défavorables en tant que salariés.
Ainsi, un récent rapport du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), qui relativise une nouvelle fois l’intérêt de l’ouverture des commerces le dimanche : une enquête réalisée en septembre 2008 montre que 52% des personnes interrogées sont pour une ouverture des magasins le dimanche ; 61% refusent de travailler ce jour-là ; et les personnes qui ont des proches travaillant dans le commerce sont opposées à l’assouplissement…

PROVOCATION ? INCONSCIENCE ? MEPRIS ? MALADIE ?… ou tout à la fois ?