« Homme de devoir« … c’est en ces termes que la droite toute entière qualifie Nicolas Sarkozy à la suite de son intervention télévisée. Homme de devoir… Qu’est ce qu’un homme de devoir ? S’il s’agit de celui qui prend ses responsabilités, qui assume, qui possède une vision de l’avenir, qui ne rejette pas la faute sur les autres… bref s’il s’agit d’un homme d’Etat, alors on n’y est pas. Car l’intervention télévisée du chef de l’Etat était presque puérile, malgré la solennité et la gravité affiché. Qu’avons-nous entendu : c’est moi le plus sérieux, c’est moi le chef, je suis en outre le sauveur, et les autres ont fait rien que nous embêter pendant trente ans. En version officielle, cela donne l’hallucinant discours sur le fait que « je n’étais pas aux responsabilités lorsque la décision a été prise de faire entrer la Grèce dans l’Europe« , « la nationalisation des banques en 1981 a été une erreur majeure« , « je n’étais pas au pouvoir lorsque les socialistes ont mis en place les trente-cinq heures » etc… Le bouclier fiscal ? les milliards d’allègements d’impôts pour les plus riches ? l’ensemble des mesures destinées aux plus favorisés, qui ont creusé le déficit ? Les 150 milliards d’euros de déficit qui se sont creusés à une vitesse jamais connue depuis qu’il est au pouvoir ?… Aucun mot sur tout cela. Les responsables de la crise s’appellent, si j’ai bien entendu, Mitterrand, Jospin et Aubry. Oui c’est bien quelque chose de puéril qui transparaissait dans ces propos. D’autant que le reste est à l’avenant. Grâce à Nicolas Sarkozy, l’Europe vient d’échapper à la catastrophe. Bien sûr. Mais ce dont ne parle pas le Président de la République, c’est du fort retournement de l’histoire qui est en train de se dérouler sous nos yeux, et sans qu’il semble bien le comprendre. L’Europe politique peut se construire enfin, sous la pression d’une situation devenue intenable. C’est paradoxalement la gabegie invraisemblable des banques qui va peut-être forcer le destin de l’Europe. L’Europe financière et économique sans gouvernance va peut-être accoucher à son corps défendant d’un continent plus unie, fort d’une vraie gouvernance monétaire qui débouchera nécessairement sur une structuration politique qui lui manque tellement. Quelle ironie d’entendre certains dirigeants européens en appeler aujourd’hui au fédéralisme et même aux Etats-Unis d’Europe ! Rien n’est fait… mais l’ébranlement du vieux continent assoupi soumis à la loi des banques et des marchés peut en fin de compte s’avérer positif et devenir une vraie chance. Tout cela se fera, heureusement, sans Sarkozy. L’Europe nous a préservés de la guerre. L’Europe c’est avant tout la paix. Offrons-là à nos enfants.
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