Après quelques dizaines de jours passés à l’Elysée, François Hollande se voit déjà accablé d’un bilan qui serait « creux », accusé d’immobilisme et de n’avoir rien fait. Voilà bien un procès injuste, stérile, et des accusations tout simplement fausses. Rappelons d’abord que nul Président de la République n’est tenu de réaliser en deux mois le programme qu’il va décliner en un mandat. Rappelons aussi que la situation dans laquelle la gauche trouve la France est rien moins que catastrophique, après des années d’un sarkozysme ultra-libéral, brutal et délirant. Faut-il redire, une fois de plus, le chiffre des 600 milliards de dette supplémentaire laissée par l’ancien Président… pour en rester à ce seul chiffre, d’ailleurs, tant tous les autres indicateurs de la santé de notre pays sont au rouge.
La gauche au pouvoir n’aurait donc rien fait ces dernières semaines ? Petit inventaire, et pas des moindres… Dès la fin juin Hollande obtenait d’Angela Merkel qu’un volet croissance soit ajouté au pacte de stabilité négocié précédemment avec Sarkozy. C’était censé être impossible. Toutes les politiques européennes devaient être exclusivement tournées vers la rigueur et l’austérité. Merkel n’allait jamais céder, Hollande était naïf… Et pourtant, même les responsables de la BCE déliaient alors leur propre langue pour reconnaître que le nouveau Président français traçait enfin la bonne voie. Rien fait ? Le retour au barème initial de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF)… Rien fait ? La suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires… Rien fait ? La baisse et le plafonnement des salaires des patrons des entreprises publiques… Rien fait ? L‘encadrement des loyers… Rien fait ? L’augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire… Rien fait ? La baisse d’un tiers du salaire du Président de la République et des membres du gouvernement… Rien fait ? La création des Zones de sécurité prioritaire (ZSP) par Manuel Valls, qui seront opérationnelles dès septembre… Pas mal pour un gouvernement immobile. Et la rentrée arrive avec un programme extrêmement chargé : le grand chantier fiscal, la réforme de l’impôt, la grande loi sur l’éducation avant la fin de l’année (pour laquelle notre député Yves Durand a travaillé d’arrache-pied avec Vincent Peillon quasiment tout l’été et est de nouveau sur le pont depuis une semaine). Et puis viendra la grande réforme bancaire et tout le reste. Tout était écrit, planifié, organisé dans le calendrier des réformes annoncé par le candidat Hollande. Il s’y tient.
Ah certes, Jean-Marc Ayrault et les membres du gouvernement n’ont pas le même rapport aux médias que Rachida Dati, Frédéric Lefebvre et tous ceux qui nous ont imposé leurs frasques pendant des années, François Hollande n’a pas le même rapport au pouvoir et à l’argent que Nicolas Sarkozy… et tant mieux ! Qu’on laisse le Président présider et le gouvernement gouverner (rien que cela c’est aussi un changement). C’est une vraie politique de fond qui est en train de se mettre en place. C’est plus lourd à manier que la navigation à vue… Mais ce sera rapidement plus efficace.
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