Eternel Badinter


Je suis tombé ces jours derniers (au Furet pour tout dire) sur la réédition en Livre de Poche d’une compilation de textes de Robert Badinter : « Contre la peine de mort – Ecrits 1970-2006« . Il y aurait tellement à dire, à écrire, à la lecture de ces vingt six textes, marqués de la beauté du style, de la précision de l’argumentation, et du souffle de la passion du combat d’une vie. Robert Badinter (qui était récemment à Lille à l’invitation de Dalila Dendouga, avocate et adjointe au maire de Lille) passe de l’analyse de ce qui amène une société à tuer, à la description de ce qu’est concrètement la peine de mort, dans un propos d’une grande richesse qui mêle sociologie, philosophie, morale, histoire et politique. Un seul passage, plutôt que de longs discours : « Tant qu’on fusillera, qu’on empoisonnera, qu’on décapitera, qu’on lapidera, qu’on pendra, qu’on suppliciera dans ce monde, il n’y aura pas de répit pour tous ceux qui croient que la vie est, pour l’humanité toute entière, la valeur suprême, et qu’il ne peu y avoir de justice qui tue. Le jour viendra où il n’y aura plus, sur la surface de cette terre, de condamné à mort au nom de la justice. Je ne verrai pas ce jour-là. Mais ma conviction est absolue : la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde plus tôt que les sceptiques, les nostalgiques ou les amateurs de supplices le pensent« . Bizarrement, compte tenu du sujet, je trouve ce livra rafraîchissant, dans le contexte actuel. Lire les mots d’espoir, d’ouverture, de convictions, d’humanité, de combat… au moment où l’on nous assène quotidiennement la nécessité supposée de rejeter, d’exclure, de trahir, de trancher, d’individualiser, d' »égoïser« , c’est une bouffée d’air frais. A lire, relire.

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